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Campagne du Soldat Pierre COUTURAT

23éme Régiment d'Infanterie Colonial

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Pierre COUTURAT est appelé comme 2ème classe le 16 novembre 1902 au 98ème Régiment d'Infanterie à Roanne, caserne Werlé. Le 15 avril 1904 il est nommé 1ère classe.

Il est mis en disponibilité le 29 septembre 1905, un certificat de bonne conduite lui étant accordé, et passe à la réserve le 1er novembre 1905.

Il effectue deux périodes, la première au 100ème Régiment d'Infanterie du 26 août au 17 septembre 1909, la seconde au 300ème Régiment d'Infatenrie du 12 au 28 juin 1910.


Mobilisé le 1er août 1914, il rejoint le 100ème Régiment d'Infanterie le 12 août 1914.


Le 100ème régiment d'infanterie quitte le 8 août 1914 sa calme garnison de Tulle pour les régions d'Argonne et de Belgique. Le régiment au complet débarque, après un voyage qui n'a duré que deux jours et sans aucun accroc, aux environs de Sivry-sur-Ante.

Pendant dix jours, c'est la marche manœuvre, on ne se croirait pas en guerre si parfois le grondement du canon n'avertissait que c'est sérieux. Nous l'entendons pour la première fois vers Varennes. Jusqu'au 21 août, le régiment traverse les Ardennes, pays de vallons, de coteaux avec de nombreux bois et d'immenses champs d'avoine. Les étapes sont courtes, les cantonnements sont convenables. Dans la nuit du 20 au 21 août, nous franchissons la frontière de Belgique, la guerre commence.



Combat d'Izel.


Un détachement reçoit mission d'occuper et d'interdire a l'ennemi la clairière de Florenville. Une division de cavalerie saxonne tenait depuis plus d'une semaine les bois au nord de cette localité. Des patrouilles de hussards saxons s'étaient aventurées jusqu'à Pin, village contigu à Izel, avaient, après les avoir martyrisés, fusillé deux jeunes gens de 14 à 15 ans, brûlé le presbytère d'Izel et enlevé de force le curé du village.

Le détachement prend donc ses dispositions de combat, vers midi, l'ennemi attaquait. La manœuvre allemande, étayée par de nombreuses mitrailleuses, semblait devoir tout bousculer, mais pour le baptême du feu, il n'y eut pour ainsi dire pas d'émoi. Les compagnies d'avant-postes résistent opiniâtrement, les mitrailleuses entrent en action, la batterie, un peu tardivement, sème le désarroi dans les rangs ennemis, qui ne soupçonnent pas encore les effets de notre 75. Les réserves du régiment culbutent, par une charge irrésistible à la baïonnette, les éléments allemands et les forcent à regagner leurs abris dans les bois, la clairière de Horenville reste à nous.

Pour une simple escarmouche, les pertes avaient été sévères : un officier tué, trois autres officiers étaient blessés et, pour la troupe, nous avions 48 tués, 146 blessés et 6 disparus.

Le 22 août, marche générale vers le nord. A Straimont, premier coup de fusil, puis marche manœuvre en queue de division. Dès 10 heures du matin, les régiments de tête de la division ont déjà fait un certain nombre de prisonniers, dont deux officiers de hussards saxons. L'ennemi recule en défendant le terrain pied à pied. Le soir, vers 7 heures, les éléments de tête du régiment se portent à l'assaut des villages de Biourges et d'Orge. On avait gagné 5 kilomètres. Les pertes étaient minimes. Le régiment passe la nuit sur les positions conquises.

Le lendemain, vers 5 heures, reprise du combat, combat défensif, on creuse des tranchées ébauchées ; quelques patrouilles de cavalerie allemande se montrent devant nos lignes, à de grandes distances, dispersées par un tir malheureusement trop hâtif, elles disparaissent et à 8 heures nous recevons l'ordre de battre en retraite. Le régiment recule et se retire à Mogues et Tremblois.

Le 24 août avait lieu le combat des Deux-Villes. Mise en état de défense de la cote 302, au nord-est des Deux-Villes, puis organisation d'une position à l'arrière, retour sur les premiers emplacements, double charge à la baïonnette. On bivouaque sur les positions. Nos pertes étaient assez fortes : 44 disparus, 153 blessés.

Le lendemain, la retraite continue. Un moment de résistance au Calvaire de Vaur et marche pénible, par la chaleur, pour atteindre le pont de Pouilly et cantonner à Létanne. Un jour de repos et, le 26 août, nous partions sur Yoncq. Le 27, le régiment s'organise défensivement, le soir, il se porte sur Flaba, le village n'étant pas occupé, il bivouaque, prêt à attaquer sur Raucourt. Dès le lendemain matin, la brigade se forme face à son objectif, puis brusque contre-ordre et marche en terrain découvert sur Yoncq. Six à huit mille hommes sous la surveillance d'un avion boche qui nous fait copieusement arroser de 77. Les hommes marchent dans un ordre admirable. Le régiment attaque sur Yoncq. L'attaque est reçue par des mitrailleurs allemands parfaitement dissimulés, en quelques instants, le 1er bataillon est réduit à s'accrocher comme il peut au terrain. Le 2ème qui vient à la rescousse subit à son tour de graves pertes. Il faut battre en retraite.

Elle se fait d'un coup jusqu'à Stonne où le régiment se reconstitue et se repose. Les pertes avaient été grandes. Un lieutenant tué, 2 capitaines blessés mortellement, 4 lieutenants blessés, 11 hommes tués et 254 blessés, et, en outre, 1 officier et 247 disparus. Cette énorme proportion de disparus s'explique par le fait que le combat eut lieu sous bois ou dans des ravins et que bien des hommes ont dû être tués sans qu'au moment de la retraite leurs camarades puissent les amener ou les retrouver.

Du 29 août au 2 septembre, retraite en ordre sans être pressés par l'ennemi, le régiment fait tête à Vandy victorieusement. Le 2 septembre, il reçoit l'ordre de quitter Orfeuil et de se porter, par Somme-Py, en réserve de division, à la cote 150, 4 kilomètres sud de Sainte-Marie-à-Py.

La retraite continue, on traverse Châlons à 2 heures du matin. Le lendemain, le régiment escarmouche à Pogny, démolit quelques patrouilles de hussards saxons et, la nuit, reprend la marche vers le sud. Embarqué le lendemain sur des trucs, il gagne Chavanges et de là un cantonnement de repos d'où, après deux jours de délassement, il reçoit l'ordre de se porter au nord, pour prendre part à la bataille de la Marne.



Bataille de la Marne (7, 8, 9 et 10 septembre 1914).


Après deux jours de marche et de formations de manœuvres, le régiment s'engage, le 9 septembre. Le 10 au matin, tout le monde se porte à l'attaque. A 4 heures, marche générale sur les Petites Perthes, les bataillons à 500 mètres d'intervalle face au nord. Dès la première crête franchie, le 2ème bataillon doit traverser un bois, les unités s'y engagent en petites colonnes de demi-section par un. Le bois était repéré. A peine le mouvement commencé, une salve de douze obus de gros calibre et une soixantaine d'obus de petit calibre éclatent sur le bois et ses abords immédiats. On allonge l'allure pour se porter à l'abri d'un talus à environ 100 mètres de là. Le mouvement reprend et par infiltrations on atteint les pentes nord de la croupe, à 1 kilomètre de Châtel-Raould. Mais là, impossible de progresser. Le bataillon, sans tranchées, combat héroïquement, exécutant des feux de mousqueterie sur les emplacements ennemis parfaitement abrités et dissimulés.

Le 3ème bataillon exécute les mêmes mouvements, grâce à quelques vallonnements, il réussit à progresser légèrement et à son tour, il est immobilisé. L'artillerie allemande tonne sans discontinuer, nous causant des pertes.

Le 100e tient bon jusqu'à la nuit. Le bilan des pertes, pour cette seule journée, est le suivant : Tués : 1 officier et 40 hommes de troupe. Disparus : 83, qui peuvent être considérés comme tués 1 Blessés, 5 officiers et 303 hommes de troupe.

Le soir, on couche sur les positions.



La poursuite.


Les Boches ont rompu le combat dans la première partie de la nuit. Au matin du 11, le régiment reprend ses positions. Le régiment s'ébranle. Nos morts de la veille sont là, pas de sépultures pour eux. Nous allons aussi vite que nos fatigues nous le permettent. Mais l'ennemi est loin.

Du 11 au 14 septembre, jusqu'au moment où les renards s'étaient terrés en des tranchées préparées par des unités de deuxième ligne et nous accueillaient à coups de mitrailleuses, nous avions gagné quatre heures sur eux. C'était bien, mais c'est tout ce que nos forces nous permettaient de faire.

Le 12 septembre, lors d'une marche contre une division de cavalerie occupant Somme-Yèvre, il n'y eut pas de combat, mais une grosse fatigue. Alors commence cette stabilisation qui ne devait finir qu'en 1918. Jusqu'au 20 septembre, le régiment marche et contre-marche de Somme-Tourbe à Souain, de Jonchery à Saint-Hilaire, creuse des tranchées, mais n'est pas engagé.



Combats des 20 et 21 septembre.


Le 1er bataillon était engagé le 19 septembre, à 20 heures sur la rive est-nord de la Ain, pour attaquer vers la cote 160, les 2ème et 3ème sont en réserve vers la ferme Jonchery et organisent une position défensive, à cheval sur la Suippe, barrant la vallée.

Le 21 septembre, pendant la nuit, le bataillon attaque la cote 147. L'attaque ne réussit malheureusement pas. Dès le début, un feu violent de flanc et de front couche à terre la première ligne, dont les éléments valides sont réduits à s'accrocher au sol. Les unités suivantes essaient néanmoins d'avancer, mais au prix d'énormes difficultés elles ne gagnent que quelques mètres, et à leur tour se couchent et se creusent comme elles peuvent des trous de tirailleurs. Une section réussit cependant à faire un face à droite et, prenant à partie un groupe de mitrailleuses ennemies, rend un peu moins difficile la position du bataillon.

Pendant deux heures, sous ce déluge de mitraille, le 1er bataillon tient. Enfin, le feu adverse redoublant d'intensité et les pertes prenant des proportions extrêmement importantes, il se replie sur ses tranchées de départ. Le commandant du bataillon était blessé dès le début. Un lieutenant du génie tué. Six autres officiers blessés et pour la troupe les pertes étaient de : 15 hommes tués, 186 blessés, 122 disparus.

Le 1er bataillon n'existait plus qu'à l'état de squelette, ses débris mélangés, sans commandement organisé, ne bougent pas de leurs tranchées. Vers 17 heures, sont reconstitués des éléments de compagnies afin d'organiser la défense. Une attaque boche, déclenchée vers 23 heures, échoue piteusement sans pertes pour nous.

Le lendemain, le 1er bataillon, épuisé, allait se reposer et se reformer à Jonchery. De ce moment au 19 octobre, rien de saillant. Successivement en secteur à Saint-Hilaire, aux Deux-Arbres, vers Auberive, et en cantonnement à Mourmelon, le régiment atteint sans combat, mais en subissant cependant des pertes graves, le moment où il va avoir à organiser un véritable secteur.



Secteur de Thuissy.


Du 19 octobre 1914 au 25 mars 1915, le régiment occupe le secteur de Thuisy. C'est pour lui le vrai commencement de la guerre de tranchées. Tout est réuni pour permettre, par le seul fait de l'occupation du terrain, une véritable instruction de la troupe et des cadres. Secteur calme, terrain plat, semé de boqueteaux, acharnement médiocre l'un contre l'autre, organisation embryonnaire, peu d'artillerie des deux côtés.



Pierre COUTURAT est nommé Caporal le 26 février 1915.



Après quelques jours consacrés à l'amélioration des gourbis, le régiment exécute un travail complet d'organisation pour mettre en état de défense la position. Du 25 au 29 mars, le régiment cantonne au sud de Châlons.



Bois d'Ailly.


Le 29 mars 1915, le régiment quitte la région de Vitry-le-François pour se rendre dans la Meuse. Il cantonne successivement à Pagny-sur-Meuse, Avrainville et Griscourt où, le 5 avril, il est alerté, puis dirigé sur Marney où cantonnent l'état-major et quelques éléments. Dans les journées des 6, 7 et 8 avril, les bombardements causent quelques pertes. Dans la nuit du 8 au 9 avril, le bataillon de LAUZON gagne 200 mètres de terrain, formant ainsi saillant dans la ligne française. Le 9 avril, attaque infructueuse sur les organisations allemandes. Neuf tués et 56 blessés.

Le 11 avril, le régiment est relevé. Du 12 au 24 avril, occupation de tranchées, séjour en cantonnement, rien de remarquable. Mais du 24 au 27 avril, de durs combats vont se dérouler. Le 24, à 8 heures 30, le 2ème bataillon attaque. En tête, la 8ème compagnie se porte sur la partie des tranchées allemandes du bois d'Ailly, au nord-ouest du Grand-Layon. La compagnie toute entière, munie de sacs à terre et de grenades, a réussi à prendre pied dans la tranchée adverse où pendant trois jours et deux nuits elle résiste à de nombreuses contre-attaques.

Le 3ème bataillon, est alerté à 4 heures. Il doit se porter vers l'est à l'abri de la tranchée Grise, puis s'emparer du restant de la tranchée grise en se rabattant jusqu'au Lanterneau. La base de départ, non évacuée par la garnison, ne permet que l'entrée en ligne d'une compagnie à la fois. Le terrain boisé et bouleversé par les obus masque aux vues l'objectif. Après une préparation de 15 minutes, la 12ème compagnie débouche et en quelques instants le commandant de compagnie, cinq sous-officiers, cinq caporaux et cinquante-deux hommes sont couchés à terre. La compagnie se disperse dans les boyaux adjacents. La 9ème compagnie prend la suite de la 12ème avec le même élan, et dans les mêmes mauvaises conditions, elle essaye de progresser. Bientôt la perte de 2 officiers dont le commandant de compagnie, de 6 sous-officiers, 7 caporaux et 27 hommes, la clouent au sol. Le soir, l'attaque est reprise. A 17 heures, la 10ème compagnie, sans préparation d'artillerie, essaye de surprendre l'ennemi. On marche en rampant, la nuit arrive, la direction est perdue, les sections obliquent, celles de droite vont se terrer dans la tranchée 2-5. La compagnie a perdu 3 sous-officiers, 2 caporaux, 24 hommes. Mais la dernière compagnie, 11ème n'a pas marché. Une reconnaissance a permis de découvrir une ligne avancée, bien garnie, d'où les Allemands nous accablent de grenades.

La journée a été rude ; les trois compagnies les plus éprouvées vont se réformer à la Maison Blanche. Le 26, à 12 h.30, l'attaque se déclenche sur la tranchée Grise et le crochet du bois d'Ailly. Certaines unités sont immédiatement arrêtées, mais deux sections parviennent jusqu'aux tranchées allemandes, tuant une centaine de Boches et faisant 40 prisonniers. Vigoureusement contre-attaquées, après 25 minutes de lutte opiniâtre, ces unités doivent se replier.

Pour le 2ème bataillon, les pertes ont été ce jour-là de 150 hommes et 5 officiers tués, blessés ou disparus. Il ne reste plus, pour ainsi dire, de sous-officiers. Le 1er bataillon, qui n'a pas attaqué est mis à son tour à l'honneur, il subit de violents bombardements et contribue, dans de bonnes conditions, à repousser une attaque allemande.

En somme, du 24 au 30 avril 1915, le régiment a perdu 86 tués dont 4 officiers, 330 blessés dont 7 officiers, 56 disparus dont 2 officiers.

Il a droit au repos, aussi est-il transporté dans la région Ancemont-Sommedieu, où vraiment la vie est si calme qu'on ne s'y croirait presque plus au combat. Il y reste jusqu'au 26 mai, tantôt en ligne dans le bois Loclont, tantôt en rafraîchissement à Sommedieu. Le 27, il débarque vers Toul.

Le 14 juin, le régiment est obligé de quitter le 12ème corps d'armée pour constituer, avec le 169ème la 256ème brigade, et devient à partir de ce moment partie intégrante de la 128ème division.

Pendant quelques jours, le régiment se repose dans la région de Rozières-en-Haye et Saiserais, puis va prendre position : 1er bataillon, au bois Le Prêtre,; 2ème et 3ème ainsi que l'état-major, à Liverdun. En juin, peu de pertes.

Le 14 juillet, le 1er bataillon lance à l'attaque, à Blanleuil, deux compagnies, les 3ème et 4ème qui, malgré les pertes subies, arrivent à gagner à l'ennemi une quarantaine de mètres. Les positions sont organisées, mais avec du gros calibre et des minenwerfer l'ennemi bombarde sérieusement et sans combat, en quelques jours, les pertes sont fortes.

Du 15 au 19 juillet, en effet, le régiment, continuant son travail d'organisation, perd 22 tués, 86 blessés et 1 disparu.

Le 22, le régiment se porte à l'attaque : six compagnies en première ligne, cinq compagnies en soutien, la dernière en réserve. A 17 h.40, après une préparation d'artillerie lourde et de moyen calibre, les compagnies d'assaut essaient de sortir de leurs tranchées. Mais toutes nos tentatives sont arrêtées par des feux de mousqueterie et de mitrailleuses qui garnissent la tranchée ennemie.

Le tir de notre artillerie n'a que très imparfaitement endommagé la tranchée de première ligne ennemie. Sur certains points du front même, les Allemands sont sortis de leurs tranchées pour contre-attaquer. Une lutte de grenades et de pétards s'en est suivie et, de part et d'autre, on est rentré dans les tranchées. La lutte avait été opiniâtre, nous perdons en ce jour 10 tués et 57 blessés.

Après trois journées de demi-calme, le 26 juillet, vers 8 heures du matin, l'ennemi, après avoir démoli par un feu violent de minenwerfer et de bombes un poste d'écoute réussit à prendre pied dans ce petit poste, mais arrêté par le feu de nos mitrailleuses et de notre infanterie et par nos grenades, il ne peut en déboucher et ne peut progresser sur le saillant.

A 10 heures, il faut attaquer le poste d'écoute par le boyau faisant communiquer ce poste avec le saillant. Mais l'ennemi a eu le temps de se fortifier. L'attaque. assaillie par un jet de bombes et de grenades, ne peut réussir. La 3ème compagnie a plusieurs blessés et 2 tués.

A 17 h.10, l'attaque est renouvelée. Malgré l'appui de huit obusiers Celerier et de deux mortiers de 15, cette attaque vient échouer devant le poste d'écoute que les Allemands ont transformé en un véritable bastion blindé, au moyen de rails, de sacs à terre, etc. Pertes : 8 tués, 57 blessés. Une seule compagnie, la 3ème avait, au cours de ces deux attaques, perdu 53 hommes.

Le 27, l'ordre est donné de reprendre, dans la nuit, le poste d'écoute avec l'aide de la compagnie de droite, chargée d'appuyer l'attaque par ses feux ou, en tous cas, de repousser une contre-attaque de l'ennemi si celle-ci venait à se produire. A 2 h.15, l'attaque est menée par trois vagues successives fortes chacune d'une section environ et débouchant de la partie gauche du saillant. Cette attaque, accueillie par un violent feu d'infanterie et de mitrailleuse, ainsi que par un jet de flammes produit par un flamenwerfer, ne peut réussir. La compagnie se reforme dans la tranchée. Pertes : 12 tués, 25 blessés.

Le 28, une attaque ennemie, devant le 3ème bataillon, est facilement repoussée. Dans la nuit du 1er au 2 août, les Allemands avaient réussi à s'emparer d'une portion de tranchée connue sous le nom de saillant.

Le bataillon reçoit l'ordre de reprendre le terrain perdu, il réussit à progresser sur une cinquantaine de mètres et réorganise le terrain reconquis.

Le 3 août, nouvelle progression, à 3 h.45 du matin, le même jour, à 17 h.45, l'attaque est reprise, mais soumise à feu violent de mitrailleuses que notre artillerie n'a pu réussir à détruire, nos unités ne peuvent progresser, tout s'arrête devant les barrages de sacs à terre. Le combat se poursuit par un échange de grenades de part et d'autre.

Jusqu'au 26 juillet, le régiment tient le secteur, à l'organisation duquel il travaille dur. Les deux jours suivants, il fait mouvement pour se transporter sur la région Ippécourt - Saint-André, où il cantonne jusqu'au 8 septembre.



Septembre 1915.


Le 9 septembre, le régiment quitte ses emplacements et est dirigé sur Florent. Il occupe, dans la journée du 12, le sous-secteur de la Harazée. Relevé il part le 18 pour Ippécourt-Saint-André et de là, le 21, pour Saint-Thomas. La grande offensive du 25 septembre se prépare. Le 100ème prend ses emplacements de combat. Les troupes s'ébranlent. Elles sont reçues par un feu d'enfer. Après une progression remarquable jusqu'à la troisième tranchée allemande sur certains points, les unités, réduites à quarante combattants, privées des trois quarts de leurs chefs, sont obligées de reculer jusqu'à la parallèle de départ. Le bois de La Grurie nous a coûté cher : 6 officiers tués, 10 officiers blessés et 6 disparus, et pour la troupe 50 tués, 281 blessés et 109 disparus.



Pierre COUTURAT est nommé Sergent le 1er octobre 1915.



Le régiment en a terminé avec l'attaque du 25. Après quelques déplacements, soit à pied, soit en convois automobiles, il cantonne dans la région de Toul, Liverdun, Gerbéviller, Fraimbois, Lunéville et, en travaux, manœuvres et repos, il atteint 1916 dans le recteur de Donjevin-Vého.



Année 1916.


Le mois de janvier est relativement calme. Jusqu'au 11 juin, où il est relevé le régiment tient le secteur de Leintrey, secteur calme où quelques patrouillés et embuscades viennent seules rompre la monotonie de l'attente sous les armes, sauf dans la nuit du 15 au 16 février où, pour faire une diversion en prévision de sa fameuse attaque sur Verdun, l'ennemi déclenche sur tout le front de Lorraine un bombardement intense.

Après un repos de dix-sept jours dans la région de Saint-Clément et quelques mouvements sur Alliancelles, Condé-en-Barrois et Belleray, il arrive le 11 juillet dans le secteur de Fleury. À peine entré en ligne, le régiment reçoit l'ordre de reprendre la station de Fleury, dont les abords.

L'ennemi tient ce ravin, nos patrouilles, progressant par bonds, débordent les sentinelles ennemies et nous permettent de jalonner approximativement leur ligne. Une belle marche d'infiltration sous un feu violent, avec un courage et un esprit de sacrifice héroïque, permet de gagner du terrain et de porter la ligne à 500 mètres au sud de Fleury, gagnant ainsi 250 mètres de terrain.

Le 2ème bataillon, marchant à droite du 3ème atteint, avec ses éléments de tête la voie ferrée devant le fort de Souville. Ces diverses opérations nous ont valu environ 180 prisonniers.

Jusqu'au 20 juillet, sur les positions occupées et qui ne sont d'abord constituées que par une succession de trou d'obus, ce sera pour le régiment l'occasion de montrer, sous de violents bombardements, un esprit d'abnégation, une ardeur au travail, un sens d'organisation du terrain plus admirables que l'assaut. Presque sans vivres, sous la pluie, dans la boue, sans sommeil, le soldats héroïques creusent des tranchées, établissent les liaisons, créent des centres de résistance et, au lieu du chaos qui existait le 11, peuvent fièrement passer le 20, à leurs successeurs, un secteur organisé.

Relevé dans la nuit du 20 au 21 le régiment, après un déplacement de quatre jours, entre en secteur d'Apremont où il restera jusqu'au 2 décembre. Le séjour dans ce secteur sera particulièrement pénible, non qu'il y ait de grands combats offensifs ou défensifs, mais en raison de la proximité des lignes ; la lutte infernale par minenwerfer, torpilles, bombes, grenades est incessante. Les pertes sont lourdes tous les jours.

Après quelques jours de repos à Charmontois-l'Abbé, le 100ème arrive à Verdun le 14 décembre. Le 20, il occupe les pentes nord de la cote 378 (tranchée Orsova). Dans cette zone du champ de bataille, le terrain, détrempé par les pluies, n'est plus qu'une mer de boue, les tranchées et boyaux que l'ennemi avait creusés sont presque totalement comblés. Les mouvements, qui ne peuvent être exécutés que de nuit, présentent des difficultés extraordinaires. Les voiturettes de mitrailleuses ne peuvent pas suivre, tout le matériel doit être porté à bras. Enfin, la saison très rigoureuse augmente encore toutes ces difficultés. Non seulement les hommes s'enlisent, mais des groupes entiers égarés par leurs guides, perdus dans la nuit noire, n'arrivent à leur but qu'après de efforts surhumains.

L'artillerie ennemie nous harcèle sans relâche. Elle balaie de rafales puissantes les ravins du Helly et des Trois-Cornes.

Le régiment se met au travail ; des éléments de tranchée sont creusées, les boyaux sont amorcés. La pluie et le dégel détruisent rapidement tous ces travaux. C'est donc dans la boue qu'il va falloir se défendre et vivre.

L'ennemi, qui occupe une région boisée, est plus favorisé, il cherche à refouler nos éléments de première ligne. Toute ses tentatives sont brisées dans l’œuf, ses fractions d'avant-garde sont détruites ou capturées avant d'avoir pu aborder nos lignes.

Jusqu'au 4 janvier, le régiment a tenu dans ce secteur effroyable, sans broncher, sans faiblir, sans se plaindre. Vers la fin de la période de secteur, il a réussi, au prix d'efforts surhumains, à construire de nouvelles lignes de défense et passer à ses successeurs un secteur réellement en état de défense.

En tués, blessés ou évacués pour pieds de tranchée, le 100ème régiment d'infanterie a perdu 7 officiers et 975 hommes.



Haute Alasace - 1917.


L'année 1916 se termine à Verdun et, le 5 janvier 1917, le régiment va prendre ses quartiers d'hiver à Rambercourt-aux-Pots. Le 22 février, le régiment se réveille. Un détachement de volontaires, pénètre dans les tranchées de soutien allemandes et, en 15 minutes, tue ou blesse tout ce qui s'y trouvait, détruit les abris et revient avec 14 prisonniers, n'ayant perdu que 2 tués et 1 blessé.

Le régiment stationne aux environs de Montbéliard jusqu'au 21 janvier. A cette date, il se porte par étapes vers l'est pour aller prendre le sous-secteur des bois de Carspach, dans la nuit du 27 au 28.

Le 1er avril un brillant coup de main est exécuté sur le saillant de Carspach, situé à 500 mètres de nos lignes. Les tranchées allemandes sont bouleversées, les abris, à demi obstrués, sont nettoyés à la grenade incendiaire.

Le 16 au matin, sur le même point de la ligne ennemie, même exercice. Cette fois, c'est une section de la 2ème compagnie qui après bien des difficultés revient à son point de départ, ayant vu les tranchées et abris boches complètement bouleversés, des cadavres un peu partout, et ramène 5 prisonniers, elle a eu 1 blessé.

Du 23 mai au`12 juin, le régiment fait des étapes dans la région Belfort-Lure et vient, le 12, s'embarquer à Dounou l3. Il débarque à Mourmelon-le-Petit et s'installe au camp Berthelot Dans la nuit du l4 au l5, il remonte dans le sous-secteur des Écoutes (région du Téton).



Champagne - 1917.


Un fort coup de main ennemi entraîna un violent combat de deux jours qui, après des alternatives diverses, permit au l00ème de reprendre complètement les éléments de tranchées perdus. Après une violente préparation d'artillerie, une attaque allemande se déclenche sur notre première ligne et réussit à pénétrer dans une portion de tranchée.

Pour utiliser le succès, les soutiens allemands essayent de progresser. Mais le régiment veillait. Un fort groupe ennemi est arrêté net par une demi-section de soutien. Ne pouvant, devant la résistance opiniâtre de cette poignée d'hommes, continuer son avance, l'ennemi réussit à prendre à revers la demi-section, mais alors une contre-attaque tirait d'écharpe sur les soutiens ennemis avec tous ses fusils mitrailleurs disponibles, sous ce feu meurtrier, les soutiens s'arrêtent d'abord, puis sont obligés de refluer vers leurs tranchées de départ.

A 20 h.30, la section CALLOT contre-attaque, elle est soutenue, à gauche, par la section SOLER. Un combat à la grenade, qui dure toute la nuit, s'engage alors. A 2 h.45, le 22, lors d'une contre-attaque une partie des tranchées perdues la veille est reprise. Profitant de cette diversion, à 3 heures, une attaque à la grenade est déclenchée. L’acharnement est extrême. Le soir, nouvelle contre-attaque, mais cette fois elle comprend une compagnie entière.

A l5 h.l5, après une intense préparation de V. B., tous ces éléments s'élancent et, au bout de 25 minutes d'un vif corps à corps, les Allemands qui restent encore reculent en désordre vers leurs tranchées de départ. Notre première ligne est rétablie d son intégrité.

Ces deux journées de combat nous ont coûté : 21 tués, dont 2 officiers ; 43 blessés et l3 disparus.

Dans la nuit du 2 au 3 juillet, la 9ème compagnie détache un groupe pour enlever un blockhaus. L'attaque est très vivement menée, l'ennemi a évacué son ouvrage à temps. On revient sans pertes en rapportant seulement une dizaine de fusils et quelques équipements.

Jusqu'au 29 août, le régiment passe du repos aux tranchées et des tranchées au repos sans événements appréciables.

Dans la nuit du 29 au 30, un coup de main est exécuté sur le blockhaus situé devant le front du quartier Mosquée. A 20 h.30, départ de la tranchée Soupir vers la corne nord-est du bois 185. A 20 h.45, en place dans la lisière nord-est du bois 185. Départ d'une patrouille à la gauche du détachement du génie pour le couvrir pendant la mise en place des charges allongées. La mission de cette patrouille (couverture à gauche) persiste pendant tout le coup de main, elle se porte, à cet effet, dans la ligne de surveillance ennemie, à 50 mètres ouest environ de la bifurcation du boyau du bois allongé et la tranchée de surveillance.

Mise en place des pétards à 21 h.10. Repli de ce détachement à la lisière nordest du bois 185 terminé à 21 h.30. A 21 h.30, déclenchement du tir d'artillerie. Mise de feu à la charge d'explosifs dès la suite du premier obus. Éclatement des pétards. L'ensemble de ces opérations nécessite 4 minutes (depuis le premier obus jusqu'à l'éclatement des pétards). Départ du détachement, passage par la brèche large de 6 mètres environ et complète. Le reste du détachement fouille la tranchée sur une longueur d'environ 200 mètres. L'irruption soudaine du détachement n'a pas laissé à l'ennemi le temps de riposter et a permis la capture de 11 prisonni et d'une mitrailleuse légère. A 21 h.40, l'affaire était terminée, tout le détachement (blessés compris) rentre dans nos lignes.

La relève a lieu du 30 au 31. Le régiment est en réserve de corps d'armée, près de Mourmelon-leGrand. Le 9, le régiment entre en secteur au mont Sans-Nom. Il est relevé le 21 septembre et, après divers cantonnements, arrive le 24 dans la région nord-ouest d'Éperna où il stationne jusqu'au 13 octobre, il fait de l'instruction et fournit divers détachements.



Secteur de Reims.


Le 30 octobre, deux bataillons sont en ligne. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, un détachement de la 6ème compagnie va faire une visite peu amicale aux Boches de la tranchée Rospovar. Ceux-ci, avec un sentiment très net de la situation, étaient partis au bon moment, laissant des quantités d'outils qui prouvaient bien que quelques instants auparavant elle était occupée. Le détachement français revient donc sans prisonniers. Mais les Allemands font donner leur artillerie, puis leurs minenwerfer et, le 9 à 19 heures, après un tir d'aveuglement sur nos petits postes, un fort coup de main est dirigé sur le fortin 0468 et la partie adjacente de la tranchée Carlotta.

Indépendamment du tir de barrage déclenché très rapidement par notre artillerie à la lueur des fusées, les mitrailleuses, le canon de 37, les fusils-mitrailleurs, les V. B. entrent en jeu. Dans le plus grand désordre, l'ennemi reflue sur ses positions, et, à plusieurs reprises, pendant la nuit, on voit des détachements ramasser ses morts et ses blessés. Malheureusement, nous avions de notre côté 7 morts et 8 blessés.

Jusqu'au 14 décembre, le régiment fait des travaux et de l'instruction, puis jusqu'au 22 janvier 1918, il garde le sous-secteur Betheny. Rien d'intéressant jusqu'au 18 février, où le régiment reprend les tranchées au secteur nord.



Pierre COUTURAT passe au 23ème Régiment d'Infanterie Colonial le 17 novembre 1917.



Du 17 au 20 novembre, le régiment fait mouvement pour atteindre Saint-Martin-d'Ablois et Brugny (sud-ouest d'Épernay). Le séjour, qui se prolonge jusqu'au 7 janvier 1918, est consacré au repos et à l'instruction, les manœuvres prévues doivent être remises à plusieurs reprises en raison de la rigueur de la température.

Un renfort de 451 hommes venant du 300ème R. I. dissous parvient au corps le 21 novembre.

Nos troupes exécutent des travaux sur la deuxième position à l'ouest de Reims, les unités du régiment se répartissen dans les villages d'Ormes, Bezannes, Thillois, au fort de Saint-Thierry et à Bouillon, après deux pénibles étapes, les 7 et 8 janvier, par temps de verglas

Les travaux cessent le 12 janvier, en prévision de la rentrée en secteur. Elle a lieu du 16 au 18 janvier, dans le sous-secteur de Cormontreuil, au sud-est de Reims. Deux bataillons tiennent les premières lignes (C. R. Jouissance et Butte de tir). C'est une région calme du front où les positions sont à peu près stabilisées depuis 1914. L'aménagement des abris (beaucoup sont éclairés à l'électricité) assure aux occupants un confort auquel le régiment n'est pas habitué.

Le 23ème R. I. C. est relevé du 10 au 11 février et va cantonner à Rilly-la-Montagne, Chigny-les-Rises, Champfleury, Trois-Puits, Montbré et au fort de Montbré. Toutes les unités sont employées aux travaux de la position intermédiaire et de la deuxième position. Les musiciens eux mêmes reçoivent leur tâche : ils sont chargés du camouflage.

Du 19 au 21 février, le régiment relève des éléments des 21ème et 7ème R. I. C. et, par suite d'une nouvelle répartition des lignes dispose deux bataillons en profondeur dans les G. R. Jouissance et Taissy.

Le P. C. de ce nouveau sous-secteur s'installe dans un groupe de maisons qui porte le nom inattendu de Varsovie, au pied de Montferré. Pendant plusieurs mois, l'activité se borne, de part et d'autre, à des coups de main préparés par de violentes concentrations d'artillerie, généralement sans résultats, le bombardement de l'adversaire ayant pour effet immédiat de provoquer l'évacuation des lignes avancées d'ailleurs faiblement tenues.

L'ennemi enregistre deux échecs, les 1er et 5 avril, sur le front du P. A. Allée Noire. Le 8 avril, un petit poste capture deux Allemands, empêtrés dans nos réseaux contre lesquels ils étaient venus butter par une matinée de brouillard. Le 10, une patrouille trouve un plan directeur abandonné par ces deux prisonniers.

Le 17, au cours d'un coup de main, exécuté par la 5ème compagnie, sur le boyau du Pacha, le groupe de tête, dépasse la 3ème parallèle (tranchée de la Discorde) sans rencontrer le moindre Boche.

Successivement, chaque bataillon blanc sera retiré du front et rattaché au C. I. D. pour y faire de l'instruction. Le 3ème bataillon séjourne à Chaumuzy du 2 au 9 mai dans ces conditions.

Le 2 mai, un avion ennemi, abattu par des mitrailleuses du sous-secteur tombe entre les lignes à l'est de la ferme de la Jouissance. Les aviateurs réussissent à s'enfuir. Le démontage du moteur est entrepris pendant les nuits suivantes. Il est remis au P. C. de la 3e D. I. G. le 8 mai, à Villers-Allerand.

Le 27 mai, l'ennemi déclenche une grande offensive entre Soissons et Reims. Le 1er bataillon cantonné à Chaumuzy, est absorbé par la constitution d'un régiment colonial de marche. Le 3ème bataillon tient le C. R. Jouissance. Dans la soirée du 29 mai, des éléments ennemis cherchent à atteindre nos lignes à la faveur des hautes herbes et des ondulations de terrain. Le feu des petits postes oblige les Allemands à rebrousser chemin en abandonnant du matériel.

Couvert par un bombardement intense, l'ennemi réussit à s'infiltrer, au cours de la nuit, sur le front du P. A. de l'Allée Noire, dans la zone de tranchées passivées qui couvrent la ligne de surveillance. Appuyée par l'action des mitrailleuses et d l'artillerie qui empêchent les ravitaillements des troupes de l'attaque, la 10ème compagnie entreprend résolument le nettoyage. Il se traduit par la capture de 52 prisonniers — dont 2 officiers — et d'un nombreux matériel qui comprend, entre autres armes, cinq mitrailleuses légères. Il apparaît que les pertes de l'adversaire atteignent 50% de l'effectif engagé.

L'attaque recommence le 1er juin. Elle avait été préparée par un violent bombardement des arrières par obus toxiques et de gros calibre. Les points de passage sur le canal de l'Aisne à la Marne ainsi que les emplacements de mitrailleuses ayant été, en outre, particulièrement visés, l'ennemi progresse par les brèches qu'il a pratiquées dans nos réseaux, malgré les tirs de barrage et l'action des engins de l'infanterie. Au lever du jour, les défenseurs aperçoivent les chars d'assaut qui précèdent ou appuient les assaillants. Ceux-ci abordent la voie ferrée de Reims à Châlons. Les éléments extrêmes du C. R. voisin s'étant repliés jusqu'au canal, la fraction du 23ème R. I. C. qui tient encore l'ouvrage de Lisieux déjà tourné par un « tank » est cernée complètement. L'infiltration ennemie se poursuit vers le canal et tend à prendre à revers la ligne sur laquelle résiste la 10ème compagnie.

Pour parer au danger, le lieutenant BESNARD fait face à droite avec toutes ses fractions disponibles, contre-attaque, reprend au canal la liaison avec le 21ème R. I. C. et, en réglant son action avec celle qu'entreprend alors le régiment, parvient à récupérer la totalité de son P. A.

De leur côté, deux compagnies mènent des contre attaques auxquelles l'ennemi oppose une vive résistance. Le terrain est réoccupé pied à pied par une série de combats acharnés à la grenade. Certains groupes ne sont réduits que par l'emploi de projectiles incendiaires. Dans la soirée, la ligne de surveillance est complètement rétablie.

Sur le front du 3ème bataillon, cette seconde tentative coûte à l'ennemi 33 prisonniers dont 1 officier et 20 mitrailleuses.

Après avoir pris position sur la butte de Preuilly, le 26 mai, le 1er bataillon, se soumettant au mouvement général de repli, défend le passage de la Vesle à Muizon, pendant toute la journée du 29 mai, puis se reporte le lendemain dans la région cote 240—Sainte-Euphraise qu'il occupe jusqu'au 3 juin. Le 4, il cantonne à Mailly en Champagne.

Du 9 au 10 juin, le régiment tient désormais le sous-secteur de Cormontreuil-Taissy avec deux bataillons sur chacune des première position et position intermédiaire.

Dans la soirée du 18 juin, les Allemands essaient en vain de prendre Reims en attaquant la ville à l'ouest et à l'est en dehors du front tenu par le régiment. Le 29 juin, le génie fait sauter le tank abandonné par l'ennemi le 1er juin, entre les lignes de l'Allée Noire.

Du 2 au 5 juillet, le régiment est relevé et occupe les cantonnements de repos de Ludes, Mailly, Chigny, Verzelay, au pied de la montagne de Reims.

Le régiment est alerté dans la nuit du 14 au 15 juillet. Quittant leurs cantonnements dont l'ennemi commence déjà le bombardement, les bataillons se portent sur les deuxième et troisième positions dans le secteur de Ludes. Dans la nuit du 16 au 17 juillet, le 3ème bataillon va s'établir successivement sur les lignes route de Nogent-ferme de Presles et ferme d'Écueil, ferme d'Hurtebise, prêt à toute intervention.

Dans la soirée du 18 juillet, le 32ème B. T. S. se porte à l'attaque du bois du Petit-Champ. L'ennemi a réalisé, pour sa défense, une multitude de nids de mitrailleuses, disposés en quinconces. Des coupures pratiquées dans les taillis sont garnies de minenwerfer et de pièces débouchant à zéro. Avec un élan admirable, malgré les lourdes pertes que cause dès le début de l'action le feu intense de l'adversaire, le 32ème B. T. S. enfonce la ligne ennemie sur plusieurs points. Quelques îlots de résistance qui n'ont pu être enlevés du premier bond, arrêtent la poussée du bataillon. Des assauts de front à la baïonnette, combinés à des attaques débordantes, viennent à bout de ces îlots. A la tombée de la nuit, la position principale de résistance est enlevée complètement. L'ennemi, qui tente une contre-attaque, doit s'enfuir, en abandonnant ses armes et son matériel.

Les trois bataillons engagés- ont contribué à la capture de 38 prisonniers.

Après s'être établi sur le chemin de Cuitron-Courmas, le régiment est retiré de la première ligne dans la matinée du 19 juillet. La position reste tenue par deux bataillons.

Dans la nuit du 19 au 20, les deux bataillons du sont dépassés par les troupes anglaises qui attaquent, le 20 au matin, sans obtenir de résultats appréciables. Le 2ème bataillon qui, regroupé le 19 à Ghigny-les-Roses, s'était porté dans le bois de Vrigny, n'a pas à intervenir.

Dans la nuit du 20 au 21, il va occuper une position de soutien en arrière des Italiens, dans le bois de Maître-Jean. Les compagnies en ligne du 3ème bataillon repoussent une attaque sur le bois du Petit-Champ.

Les Anglais reprennent leurs opérations le 21 juillet. Deux reconnaissances conduites par des officiers du régiment suivent l'attaque à travers des barrages de toutes espèces, assurant la liaison avec le commandement.

Les 1er et 3ème bataillons sont relevés sur leurs positions dans la journée du 22 juillet. Le 23 juillet, le 2ème bataillon en première ligne, le 1er bataillon en soutien, tous deux dans le bois de Vrigny, et le 3ème bataillon en réserve dans le bois des Grands-Savarts, sont en place pour l'attaque qui, après celle des unités plus au sud se déclenche à midi, dans la tranchée attribuée au régiment.

Malgré les pertes subies du fait d'une contre-préparation systématique sur des positions à peine ébauchées, l'élan de la troupe est magnifique. La 6ème compagnie dévale dans le vallon de la ferme Méry, s'empare de quatre canons de 120 et parvient à la lisière sud du bois Raveau, à 1.800 mètres de la ligne de départ. Un îlot de résistance constitué par trois mitrailleuses est détruit, ce qui permet aux Italiens d'enlever la ferme Méry et leur assure la prise de 60 Allemands et 4 canons.

Mais un large intervalle s'est produit avec le régiment voisin dont la progression sur le plateau de la cote 240 a été beaucoup moins sensible. L'ennemi en profite pour jeter une contre-attaque qui va prendre à revers toute notre ligne. Le capitaine GERARD auquel ce danger n'a pas échappé, fait mettre baïonnette au canon à toute sa compagnie. Ses officiers, les sous-lieutenants s'élancent à la tête de leur section. L'ennemi, surpris d'une telle audace, s'arrête, et, sans attendre le choc irrésistible, le gros de l'attaque se disperse à travers bois.

Au cours de la nuit, le 1er bataillon à l'est et le 2ème bataillon à l'ouest se répartissent le nouveau front et s'installent solidement sur la position conquise.

La journée du 24 est relativement calme. Dans la nuit du 24 au 25 juillet, deux exécutent le mouvement de repli ordonné par le commandement qui juge la ligne atteinte défavorable à la défense. L'opération présentait de sérieuses difficultés pour la raison que, faute de temps, la reconnaissance préalable de la nouvelle position et des itinéraires ne pouvait être faite.

Le 25, après une heure de préparation d'une violence sans précédent, l'ennemi aborde la position tenue par le 1er bataillon qui subit le choc sans fléchir, mais doit finalement se replier sous la menace d'un débordement opéré sur le front d'une unité voisine. Fortement étonnés de la vigueur de la résistance, les Allemands ne cherchent pas à entraver le mouvement du bataillon. Un groupe de sous-officiers qui se décide pourtant à tenter la poursuite est bientôt capturé par la fraction qu'ils s'imaginaient tenir à leur merci.

Au cours de la même journée, le 3ème bataillon en soutien dans la région de Coulommes est amené à prêter un concours décisif aux défenseurs de la cote 240. La 11ème compagnie coopère au dégagement d'un P. C. Les autres éléments du bataillon, mis à la disposition d'unités particulièrement menacées, contiennent l'ennemi, contre-attaquent avec succès.





Pierre COUTURAT est porté disparu le 25 juillet 1918 à Vrigny (Marne).

Il est parti le premier à l'assaut des tranchées ennemies, très courageux, il est cité à l'ordre du régiment.

Très belle conduite pendant la journée du 30 mai 1918, courageux et énergique, précieux auxiliaire pour son chef de section.

Il est décoré deux fois de la Croix de Guerre, bronze.